Manifestations Gen Z

  • Mis à jour le Sep 8, 2025
  • Bhagawati
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Un tel mouvement va incontestablement marqué un tournant dans l’histoire du pays .

 

Sommaire

Gen Z   Manifestations au Népal

Le 08 Septembre 2025,  d’importantes manifestations à l’initiative de Gen Z ont été très violemment réprimées au Népal.

 

Qu’est-ce que Gen Z ?

C’est un mouvement spontané et sans affiliation politique de la jeune génération népalaise née à partir de l’an 2000. C’est une génération qui vit donc avec internet et les réseaux sociaux.  Les idées sont alimentées par des jeunes bloggeurs, influenceurs, chanteurs que les népalais aiment suivre sur leur réseau favori qu’est Tik Tok. Et bien sûr aussi Facebook, instagram, Youtube, X…

Pourquoi ?

Le mécontentement est grandissant depuis quelques mois. Les raisons des protestations sont nombreuses. Pour faire court, les jeunes népalais dénoncent :

  • La corruption qui ne fléchit pas (à l'image de l'aéroport international de Pokhara tout neuf, sans traffic aérien)
  • Un fort taux de chomage et un manque d’opportunité de travail
  • Un immobilisme politique sans renouveau. Un entre-soi
  • L’émigration de milliers de népalais pour trouver du travail ou poursuivre leurs études
  • Les inégalités sociales et judiciaires qui se creusent de plus en plus
  • La campagne Nepokids : Mouvement qui dénonce l’exubérance des enfants des leaders politiques/économiques qui affichent un train de vie dépensier
  • Le bannissement des réseaux sociaux (car ils ont ignoré l’obligation de s’enregistrer auprès du gouvernement) depuis le 04 septembre est la dernière raison. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.  Cette décision cristallise la frustration des népalais dont les réseaux sociaux sont un peu les seuls échappatoires pour s’exprimer, s’ouvrir sur le monde et aussi maintenir le lien avec leur famille et les amis travaillant à l’étranger.

Comment ?

L’ironie de l’histoire est que c’est justement en utilisant les réseaux sociaux (en détournant le bannissement via des VPN) que  Gen Z s’organise et prend de l’ampleur avec des slogans phares :

  • `` ENOUGH IS ENOUGH `` (Assez c’est Assez)
  • ``La démocratie se meurt si les leaders ne prennent jamais leur retraite``

Le mouvement est unique et totalement nouveau. Il suscite beaucoup d’espoir car c’est la première fois qu’il n’est pas initié par une force politique ou un syndicat. Ce sont des initiatives complètement décentralisées que des leaders très populaires (mais apolitiques) supportent. Ce sont des leaders charismatiques qui montrent que des changements sont possibles sans être lié à la politique, comme Mr Balen, le maire de Kathmandu et Mr Singh, l’ancien directeur de l’équivalent d’EDF en France.

Et ensuite ?

Gen Z NepalPour cette première journée, les autorités  se sont clairement laissées surprendre et débordées par  l’ampleur des manifestations, pas seulement à Kathmandu, mais dans de nombreuses villes du pays. C’est là aussi une nouveauté. Malheureusement, des manifestants n'ont pas obéi aux recommandations en allant au-delà des perimètres de sécurité et  ont provoqué les forces de l'ordre devant le parlement des députés. Le gouvernement a imposé des couvre-feux à différentes locations  en urgence, et réagi démesurément, par la force. Les affrontements violents  ont provoqué une dizaine de décès et une centaine de blessés.

Gen Z se veut non violent et se désolidarise de ces comportements. Mais cela semble être difficilement contrôlable car sans instance physique. Mon sentiment est que la colère et le désespoir de la jeunesse népalaise, bien que très résiliente, ont probablement atteint leurs limites. Les manifestants ont de fortes convictions et sont décidés à (enfin) se faire entendre. Avec les décès et les nombreux blessés, le évènements vont devenir hautement politique (le ministre de l'intérieur vient de démissionner - cela fait 5 mois qu'il est sous pression pour un scandale d'octroi illicite de visa). Devant la répression, c'est l'ensemble de la population qui peut se joindre aux jeunes. 

Forcer les réseaux sociaux à s’enregistrer auprès du gouvernement népalais (pour les responsabiliser – payer des taxes…) et les bannir temporairement, à l’instar de beaucoup de pays asiatiques ou européen, peut, dans une certaine mesure,  se justifier et être compréhensible.

La dignité du pays et la protection du nationalisme, des arguments habituellement appréciés des népalais et mis en avant pas le Premier Ministre KP OLI pour se justifier, n’ont cette fois, pas été suffisant face aux risques de contrôles des médias par l’Etat et des risques de restrictions de la liberté d’expression. Le moment n’était certainement pas approprié… Les prochains jours s'annoncent agités alors que les fetes religieuses approchent.

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